Rastaban – Ouroboros : un retour puissant et inspiré
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Le 12 juin dernier, Rastaban sortait un nouvel EP intitulé Ouroboros.
Pour ceux qui, comme moi, aiment creuser la signification des titres, sachez que l’ouroboros est un symbole ancien et fascinant, présent dans de nombreuses cultures. Représenté par un serpent ou un dragon qui se mord la queue, il symbolise le cycle éternel : vie, mort, renaissance. (Source : Univers Celtique)
Un choix de nom qui prend tout son sens dans le parcours du groupe. Après une belle trajectoire amorcée en 2012, Rastaban est entré en sommeil de 2020 à 2023, à la suite du départ de deux de ses membres fondateurs, Mich et Dominic.
Cette période de silence a ouvert la voie à un renouveau : Mathieu Lacrosse (guitare électrique) et Mathieu Lesage (percussions) rejoignent le groupe en 2023, apportant une nouvelle énergie. En 2024, Rastaban remonte sur scène, plus vivant que jamais, et dévoile donc cette année Ouroboros, un EP qui scelle cette renaissance. Ce n’est pas un simple retour : c’est un nouveau cycle créatif qui s’ouvre.
Ouroboros est un Ep qui contient 4 anciens titres de Rastaban totalement réinterprétés et réarrangés et 2 inédits avec "Ritual Spirit" (reprise de Massive Attack) et Jig of Life (reprise de Kate Bush).
L’EP s’ouvre sur "L’Aube des Dieux (2025 version)", et dès les premières secondes — un craquement d’orage — l’ambiance est posée. Le violon entre doucement, soutenu par le didgeridoo, et ce qui me saute immédiatement aux oreilles, c’est l’énorme gain en qualité sonore par rapport à la version de l’album Arise.
C’est plus propre, plus profond, avec un violon que je trouve plus fluide et expressif. Les percussions sont plus marquées, puissantes, et donnent un rythme tribal très prenant.
L’ajout de la guitare électrique apporte une nouvelle intensité, plus percutante, plus épique, qui donne une autre dimension au morceau. Ce remix/relecture sonne comme une montée en puissance, tout en respectant l’âme de la version d’origine. Et que dire de la voix de Marine ? Je la trouve plus profonde, envoûtante, et surtout plus déterminée que jamais. Elle semble totalement habitée par le morceau, avec un chant qui vient des tripes et qui renforce toute la tension dramatique du titre.
Nous enchaînons avec "Zora (2025 version)", dont le nom signifie Aube. C’est un morceau rythmé et solaire, aux accents résolument festifs. Les percussions sont omniprésentes, mises en avant avec beaucoup d’équilibre, soutenues par la guitare et le violon dans un ensemble très fluide. La voix de Marine, plus aérienne et lumineuse que sur le titre précédent, se fondant parfaitement dans cette atmosphère de célébration. La réinterprétation de ce morceau est vraiment réussie, à la fois fidèle à l’original et portée par une nouvelle énergie.
La troisième chanson est une reprise de Massive Attack "Ritual Spirit", publiée en février dernier (et évoquée ici), et dont je ne me lasse toujours pas. Je trouve que ce morceau offre un moment de douceur et de sérénité qui fait du bien à mi-parcours de l’EP. La seule chose que je rajouterais à ce que j'avais écris dans mon article, c'est que Rastaban ne cherche pas à copier Massive Attack, mais à réinventer la chanson dans son propre univers entre sensualité contenue et intensité latente. Le résultat est audacieux, et franchement réussi. La quatrième piste est "Arise (2025 version)" qui est définitivement mon titre préféré du groupe. Il débute de la meilleure des manières (du moins pour moi) : avec la guitare de Mathieu: c’est tranchant, direct, et ça donne une toute autre puissance au morceau. Chaque élément semble plus affûté : les percussions claquent, les voix sont pleines de relief, et le tout dégage une intensité que je trouve totalement grisante.
Nous poursuivons notre voyage musical avec la magnifique chanson "Rusalka (2025 version)". Pour la petite explication du titre, la Rusalka est une sorte de sirène ou d'ondine de la mythologie slave. Créature de l'eau, dont elle jaillit dans une nudité séductrice ou virginale, elle apparaît aux hommes pour les attirer dans les profondeurs. (source radiofrance.fr) Le morceau s’ouvre de manière poétique, avec le bruissement de l’eau qui s’écoule, bientôt rejoint par quelques notes de guitare légères et cristallines, qui évoquent pour moi les gouttes d’une pluie d’été, délicate et apaisante.
Puis le violon d’Arno entre doucement, tissant une mélodie fluide, presque hypnotique, avant que les percussions ne viennent structurer l’ensemble. La voix de Marine, à la fois éthérée et captivante, s’élève au-dessus de tout ça, comme un chant venu des profondeurs, entre séduction et mystère. Le morceau monte en puissance de façon progressive tout du long, pour s'achever un apothéose avec un déchaînement musical de part les excellents riffs de Mathieu, les percussions dynamiques et dansante, le bourdonnement du didgeridoo. Marine y chante alors de façon presque chamanique, comme prise dans une transe, entre incantation et invocation. Ce climax donne l’impression d’assister à un rite ancien, entre fascination et puissance brute.
"Rusalka (2025 version)" n’est pas seulement beau : c’est un morceau ensorcelant, magnétique, qui vous entraîne dans ses courants pour ne plus vous lâcher.
"Ouroboros" s'achève sur le reprise de Kate Bush "Jig of life", un titre qui m'était complètement inconnu avant la découverte de la reprise de Rastaban. Cette chanson déborde d'énergie percutante avec un tempo très enjoué, une ligne de guitare bien lourde et tranchante, des percussions bondissantes, un violon qui entraîne irrésistiblement le corps à suivre le rythme. D'ailleurs à chaque écoute de ce titre je dansais sur ma chaise, alors que j'étais en train de rédiger cette chronique. Vocalement, Marine n'a rien à envier à la talentueuse Kate Bush: je la trouve terriblement efficace avec une belle puissance et apporte une force nouvelle à ce morceau. "Jig of life" offre un final épique, vivant comme un dernier souffle de danse avant que le cercle ne se referme.
Avec Ouroboros, Rastaban signe un retour fort, sincère et profondément incarné. En six titres, le groupe montre non seulement qu’il est toujours là, mais aussi qu’il a évolué, qu’il s’est réinventé sans renier son essence. Les anciennes compositions gagnent en ampleur et en puissance grâce à cette nouvelle formation, tandis que les reprises apportent un souffle inattendu, entre hommage et appropriation. Mention spéciale à "Arise", "Rusalka" et "Jig of Life", qui montrent trois facettes bien différentes mais tout aussi brillantes du groupe : la puissance galvanisante, le mysticisme envoûtant, et l’énergie festive. Cet Ep a beau être court (en même temps c'est le principe même d'un tel format 😅), il est riche et bien construit, sans temps faible. J'ai fortement apprécié que le groupe révèle au compte goutte chacun des titres de l'Ep, en vidéo live enregistré à Atelier Rock (Huy). J'ai ressenti la forte complicité qu'avait tous les membres entre eux, de part leurs regards ou leurs échanges les uns avec les autres malgré la configuration en cercle. Et bravo également pour le taff sonore, car la qualité est vraiment incroyablement top !
Cela donne clairement envie d’entendre la suite et de les retrouver sur scène. Je ne sais pas ce que Rastaban nous réserve pour la suite, mais si c’est du même acabit, je signe les yeux fermés.
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