Salut, moi c’est Steeve !
41 ans, passionné de musique, et jamais rassasié de découvertes sonores.
Ce blog, c’est mon espace pour partager mes coups de cœur et donner un coup de projecteur à des artistes qui méritent d’être écoutés fort.
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Le 21 mai dernier, A Tergo Lupi a publié un nouveau single intitulé "Furia". Et comme à chaque fois avec le duo italien, la magie opère : chaque sortie semble surpasser la précédente… et ce nouveau titre ne fait pas exception. Avec "Furia", place à une énergie brute, primitive, puissante.
Les percussions martèlent un rythme hypnotique, presque chamanique, magnifiquement accompagné par la tagelharpa de Camilla, incisive et habitée. Elle insuffle au morceau une tension survoltée, presque fiévreuse.
J’écoute toujours la musique au casque, et ici c’est plus qu’un conseil : c’est essentiel. L’ambiance est si dense, si organique, qu’elle m’a littéralement fait vibrer au plus profond de moi.
Vocalement, le morceau s’ouvre sur un chant de Camilla, précédé de quelques respirations haletantes de Fabio… et les frissons arrivent immédiatement. Ils se renforcent encore lorsque Fabio prend le relais, avec cette voix grave, puissante, intense — particulièrement sur le dernier couplet qu’il enflamme littéralement, chantant avec rage, avec ses tripes. Un pur régal, d’autant plus que cette intensité est magnifiquement contrebalancée par la douceur vocale de Camilla.
Je trouve d’ailleurs que leur complémentarité, leur osmose, ne cesse de s’intensifier de morceau en morceau. Sur "Furia", cette alchimie vocale et émotionnelle atteint un sommet.
Une fois encore, le titre est accompagné d’un vidéoclip esthétiquement somptueux, soigné dans les moindres détails, avec des paysages à couper le souffle (moi qui adore les montagnes, je suis servi !), et des personnages énigmatiques — peut-être des esprits des lieux ? Les chorégraphies sont extrêmement bien travaillées et fascinante. Sans oublier la forte présence de Fabio et Camilla à l’écran, que je trouve toujours aussi charismatiques et captivants.
Furia est un véritable coup de cœur, une montée en tension maîtrisée, un cri venu du fond des âges.
A Tergo Lupi continue de creuser un sillon unique, sincère, viscéral, sans jamais trahir son identité. Un single à la fois sauvage et raffiné, authentique et envoûtant. Un chef-d'œuvre de plus à ajouter à leur discographie déjà remarquable.
Aujourd’hui, j’ai envie de sortir un peu des formats habituels du blog pour parler d’un documentaire qui m’a profondément touché : Salam, de Mélanie Georgiades, plus connue sous le nom de Diam’s.
Pour être totalement honnête, Diam’s et moi, à l’époque, c’était pas gagné. J’étais assez fermé au rap, et encore plus à tout ce qui sortait du cadre musical que j’avais moi-même défini. Je n’écoutais pas, je ne cherchais pas à comprendre. Et puis, un jour de 2019, en laissant Spotify tourner en aléatoire, je suis tombé sur “I Am Somebody”. Et là… coup de poing. Coup de cœur. Cette chanson m’a retourné. J’ai enchaîné avec “Si c’était le dernier”, “Peter Pan” et tout le dernier album "S.O.S", j’avais envie d’en savoir plus sur cette artiste que j’avais longtemps ignorée. Pourtant, je n’étais pas encore prêt à plonger dans tout son univers. Ce n’est que plus récemment que j’ai pris le temps d'écouter et découvrir ses quatre albums, et d’enfin me lancer dans ce fameux documentaire Salam.
J’avais entendu beaucoup de choses à son sujet, souvent caricaturales : qu’elle rejetait la musique, qu’elle faisait de la “propagande”, qu’elle s’était “reniée”. Mais la réalité est toute autre. Ce que j’ai vu, c’est un témoignage bouleversant, pudique et d’une sincérité rare. Et j’avais très envie de vous en parler ici.
Voici le synopsis du documentaire :
Après 10 ans de silence, Mélanie Diam’s revient à travers un film documentaire puissant et bouleversant, où elle se raconte à cœur ouvert. Pour la première fois face caméra elle se confie, sur la gloire, la psychiatrie, la quête de sens et sa conversion à l’Islam. Elle nous entraîne sur les traces de Diam's et révèle dans ce récit intime et pudique les secrets de son histoire. "Salam" montre ainsi les difficultés d’exister dans le regard des autres, du public, et aborde la problématique de la santé mentale chez une grande artiste française et le choix délicat de changer de vie. De l’île Maurice au Mali, de Paris à la Tanzanie, à travers ces voyages Mélanie Diam’s revient sur les lieux qui ont marqué sa vie.
Salam n’est ni un documentaire sensationnaliste, ni une confession mise en scène. C’est un film intime, pudique, profondément humain. Mélanie y raconte sa descente aux enfers, sa dépression, son mal-être… malgré le succès, malgré la reconnaissance, malgré tout ce que beaucoup rêveraient d’avoir. Et c’est justement là que Salam touche au cœur : en nous montrant que la douleur peut se glisser derrière les sourires les plus médiatisés.
Pas de voix off journalistique, pas d’intervenants extérieurs : ici, c’est sa voix, son histoire. Mélanie se livre avec sincérité, sans chercher à convaincre, ni à se justifier. Elle ne cherche pas à “faire aimer” son choix, mais à partager ce qu’elle a traversé, ce qui l’a menée là où elle est aujourd’hui. Visuellement, le documentaire est très beau. Il alterne des séquences racontées en voix off sur fond d’images léchées avec des moments plus contemplatifs. L’émotion naît des regards, des silences, de cette pudeur dans la mise en scène. On ne tombe jamais dans le pathos, mais dans une émotion vraie, retenue, palpable.
Mélanie parle bien sûr de sa foi, mais sans jamais chercher à convaincre. Elle revient à l’essentiel : la quête de paix intérieure, la reconstruction, le besoin de sens que l’islam a su lui offrir. Pas de prosélytisme, juste un témoignage. Et c’est ce que j’ai trouvé le plus fort. Jamais elle ne dit qu’il faut se convertir, ni que l’islam est supérieur à d’autres religions. Rien de tout ça. Et soyons honnêtes : si Mélanie avait trouvé cette paix dans le bouddhisme ou l’hindouisme, tout le monde aurait salué son parcours sans polémiques. Elle-même explique d’ailleurs qu’elle se sentait chrétienne dans son cœur, mais que malgré cela, elle ne parvenait pas à être heureuse. Elle ne savait pas qui elle était vraiment.
Parmi les moments qui m’ont particulièrement ému, il y a celui avec sa maman. Un échange simple, vrai, bouleversant. On sent tout l’amour, la peur, la difficulté aussi d’accepter ce qu’on ne comprend pas toujours. Ce dialogue m’a touché parce qu’il dépasse la question de la religion : il parle d’une mère et de sa fille, de lien, de respect, d’inquiétude et de réconciliation.
Autre moment fort : le vol de sa conversion. Mélanie raconte qu’elle voulait vivre ce passage de manière intime, pour elle seule, dans le silence et la paix. Mais les paparazzis ont tout gâché, révélant son choix avant qu’elle n’ait eu le temps de poser ses mots. Ce moment m’a profondément révolté. Elle ne voulait pas “faire d’annonce”, elle ne cherchait pas la lumière. Elle cherchait juste à vivre quelque chose de profond, de personnel. Et ça lui a été arraché.
Enfin, j’ai trouvé essentiel qu’elle évoque son engagement à travers le Big Up Project, une association qu’elle a fondée pour venir en aide aux orphelins dans plusieurs pays. Cela montre que sa foi, loin de se résumer à une dimension spirituelle ou privée, l’a aussi poussée à agir concrètement, à transmettre, à soutenir, à redonner. C’est une facette importante de son parcours, souvent oubliée, mais qui témoigne d’une volonté sincère de faire du bien autour d’elle.
Durant ce documentaire, je n’ai pas vu une star déchue ou une idole qui cherche à se justifier. J’ai vu une femme, simplement. Une femme qui a traversé l’ombre, qui a osé tout remettre en question, qui s’est cherchée longtemps avant de trouver enfin une paix intérieure. Et ce parcours là, qu’on partage ses croyances ou non, mérite l’écoute et le respect. "Salam" n’est pas un manifeste. C’est un témoignage. Mélanie ne cherche pas à nous convertir à quoi que ce soit, sauf peut-être à plus d’humanité, plus de tolérance, plus d’attention à soi et aux autres. Elle nous rappelle qu’il est possible de se reconstruire, même quand on pense avoir tout perdu. Moi qui n’écoutais pas Diam’s à l’époque, j’ai découvert bien plus qu’une artiste : j’ai découvert une femme profondément humaine, et ce documentaire m’a sincèrement touché. Si vous hésitez à le regarder, faites-le. Ne serait-ce que pour entendre une voix rare, honnête, et nécessaire.
Le groupe niçois à la renommée internationale, Corpus Delicti, amorce définitivement son retour en annonçant un nouvel album, Liminal, prévu pour le 28 novembre prochain (précommandes disponibles ici), et en dévoilant un nouveau single, "Room 36", après les excellents "Chaos" et "A Fary Lie" (ce dernier ne figurera toutefois pas sur l’album).
Pour celles et ceux qui découvriraient le groupe, Corpus Delicti est une formation emblématique de la dark wave / goth rock, fondée en 1992, séparée en 1997 après avoir signé quatre albums studio et deux compilations. En 2020, le groupe se reforme, d’abord pour faire revivre ses morceaux cultes sur scène. Il faudra attendre 2023 pour entendre l’inédit "Chaos", suivi en 2024 de "A Fary Lie". Le line-up d’origine (Sébastien – chant, Franck – guitare, Chrys – basse, Roma – batterie) s’est légèrement modifié avec l’arrivée de Fabrice Gouré à la batterie qui succède cette année à Laurent qui a quitté le groupe pour des raisons familiales
De gauche à droite (Chrys, Franck, Sébastien et Fabrice)
"Room 36" poursuit avec brio cette renaissance artistique. Dès l’intro, on retrouve l’atmosphère sombre, tendue, mais toujours élégante, propre à Corpus. C’est la basse hypnotique de Chrys qui ouvre le morceau : une ligne grave et lancinante, qui installe une tension palpable. Puis surgit la guitare de Franck, tranchante et spectrale, tandis que la batterie martèle un rythme sec, régulier donnant au morceau un rythme implacable. Par-dessus, la voix immédiatement reconnaissable de Sébastien : intense, précise, galvanisante. Le morceau est d’une efficacité redoutable, avec un refrain qui vous reste en tête et donne des fourmis dans les jambes. Il incarne à merveille l’art du morceau gothique qui fait danser l’ombre.
Le tout est sublimé par un clip noir et blanc superbe, à l’esthétique inquiétante et sobre, où le groupe partage l’écran avec Jean-Luc Verna, artiste à la présence fascinante. Sa performance m’a d’ailleurs rappelé, par instants, celle du regretté Keith Flint de The Prodigy — même rage intérieure, même intensité troublante.
Corpus Delicti signe ici un troisième single d’une qualité et d’une maîtrise remarquables. Le groupe ne se contente pas de ressusciter son passé en recopiant ses anciens succès : il puise dans son héritage pour mieux le réinventer, avec une approche moderne, percutante, et toujours fidèle à son identité. "Room 36" confirme que ce retour n’est ni opportuniste, ni nostalgique : c’est un renouveau sincère, porté par un vrai souffle créatif. A noter que le groupe sera en concert à la Maroquinerie de Paris le 29 novembre 2025 et vous pouvez réserver vos billets ici :
Voici le visuel de l'album réalisé par Jean-Luc Verna et vous retrouverez en-dessous la tracklist de l'album
01. Crash
02. Room 36
03. It All Belongs To You
04. This Sensation
05. Under His Eye
06. Chaos
07. Fate
08. Endless Sighs
09. Out Of Steam
10. Liminal
S’il y a bien un groupe que je n’aurais jamais imaginé chroniquer sur mon blog, c’est Krystal System ! Je les avais découverts à la grande époque de feu Myspace, en 2009, avec l’excellent "Demain n’existe pas" — un vrai coup de foudre musical, tout comme pour leur premier album Underground. S’en sont suivis les non moins excellents "Nuclear" et "Rage", puis… silence radio total depuis 2015. Alors, imaginez ma joie en mars dernier lorsque j’ai vu passer de nouvelles photos du groupe, annonçant officiellement leur retour !
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore Krystal System, il s’agit d’un duo électro-indus-rock français formé en 2006 à Paris, composé de Bonnie (chant, guitare) et Seven (synthé, guitare, chant), rejoints récemment par Phi à la basse. Voilà pour les présentations, passons à leur nouveau single "Éclats rouges", composé de trois titres.
La première piste, "Éclats rouges", est un morceau brut, nerveux, qui démarre par des riffs de guitare acérés, suivis d’une grosse percée percussive et d’une ligne de basse bien grasse. Dès les premières secondes, le ton est donné. Vocalement, Bonnie est toujours aussi percutante — sa voix n’a pas changé d’un iota : tranchante, intense, viscérale. Et cette fois, elle chante en français, avec une puissance qui claque. Chaque parole tombe comme un coup sec, imprégné de rage et de tension. On ressent la colère, la pression d’un monde “gone mad”. Comme le résume Bandcamp : un vrai “sonic fight club anthem” — un morceau qui saigne par les mots, qui gronde dans les tripes. Un retour comme on les aime, sans concession.
"Skippy Bop", le second titre, oscille entre français et anglais. Il est tout aussi percutant qu’"Éclats rouges", avec une ligne de basse bien lourde, des synthés sales et une guitare agressive comme je l’adore. Krystal System y adresse une critique acide des normes sociétales, avec un ton résolument sarcastique. Le rire de Seven, audible presque tout au long du morceau, renforce cette ambiance ironique et grinçante — à mi-chemin entre provocation et jubilation sonore.
Le single s’achève sur une surprise et non des moindres : "Newclear Winter", une version live retravaillée du morceau "Nuclear Winter". Et quelle claque ! Cette version est bien plus dynamique, percutante, et surtout habitée par une rage plus viscérale que l’originale. Tout sonne plus brut, plus tendu. Seven y prend davantage de place, avec une voix plus désabusée, presque froide, qui vient contrebalancer l’intensité féroce de Bonnie. Ce contraste fonctionne à merveille, renforçant l’impact de cette relecture plus directe et mordante. "Newclear Winter" n’est pas juste une variante live : c’est une version revue et transcendée, qui clôt le single sur une énergie sombre et électrique.
En conclusion, Krystal System signe un retour fracassant et plus que réussi. Après dix ans de silence, le groupe n’a rien perdu de sa hargne ni de son identité sonore. Bien au contraire : avec "Éclats rouges", ils reviennent plus affûtés, plus incisifs, et toujours aussi fidèles à ce mélange unique d’électro, d’indus et de rock. Ce single, court mais intense, ne se contente pas de raviver la flamme : il l’attise avec une force nouvelle. Les trois titres forment un tout cohérent, dense, percutant, qui prouve que le duo (désormais trio) n’a pas dit son dernier mot et j'ai hâte de découvrir la suite (Ep, album etc...)
Le 12 juin dernier, Rastaban sortait un nouvel EP intitulé Ouroboros.
Pour ceux qui, comme moi, aiment creuser la signification des titres, sachez que l’ouroboros est un symbole ancien et fascinant, présent dans de nombreuses cultures. Représenté par un serpent ou un dragon qui se mord la queue, il symbolise le cycle éternel : vie, mort, renaissance. (Source : Univers Celtique)
Un choix de nom qui prend tout son sens dans le parcours du groupe. Après une belle trajectoire amorcée en 2012, Rastaban est entré en sommeil de 2020 à 2023, à la suite du départ de deux de ses membres fondateurs, Mich et Dominic.
Cette période de silence a ouvert la voie à un renouveau : Mathieu Lacrosse (guitare électrique) et Mathieu Lesage (percussions) rejoignent le groupe en 2023, apportant une nouvelle énergie. En 2024, Rastaban remonte sur scène, plus vivant que jamais, et dévoile donc cette année Ouroboros, un EP qui scelle cette renaissance. Ce n’est pas un simple retour : c’est un nouveau cycle créatif qui s’ouvre.
Ouroboros est un Ep qui contient 4 anciens titres de Rastaban totalement réinterprétés et réarrangés et 2 inédits avec "Ritual Spirit" (reprise de Massive Attack) et Jig of Life (reprise de Kate Bush).
L’EP s’ouvre sur "L’Aube des Dieux (2025 version)", et dès les premières secondes — un craquement d’orage — l’ambiance est posée. Le violon entre doucement, soutenu par le didgeridoo, et ce qui me saute immédiatement aux oreilles, c’est l’énorme gain en qualité sonore par rapport à la version de l’album Arise.
C’est plus propre, plus profond, avec un violon que je trouve plus fluide et expressif. Les percussions sont plus marquées, puissantes, et donnent un rythme tribal très prenant.
L’ajout de la guitare électrique apporte une nouvelle intensité, plus percutante, plus épique, qui donne une autre dimension au morceau. Ce remix/relecture sonne comme une montée en puissance, tout en respectant l’âme de la version d’origine. Et que dire de la voix de Marine ? Je la trouve plus profonde, envoûtante, et surtout plus déterminée que jamais. Elle semble totalement habitée par le morceau, avec un chant qui vient des tripes et qui renforce toute la tension dramatique du titre.
Nous enchaînons avec "Zora (2025 version)", dont le nom signifie Aube. C’est un morceau rythmé et solaire, aux accents résolument festifs. Les percussions sont omniprésentes, mises en avant avec beaucoup d’équilibre, soutenues par la guitare et le violon dans un ensemble très fluide. La voix de Marine, plus aérienne et lumineuse que sur le titre précédent, se fondant parfaitement dans cette atmosphère de célébration. La réinterprétation de ce morceau est vraiment réussie, à la fois fidèle à l’original et portée par une nouvelle énergie.
La troisième chanson est une reprise de Massive Attack "Ritual Spirit", publiée en février dernier (et évoquéeici), et dont je ne me lasse toujours pas. Je trouve que ce morceau offre un moment de douceur et de sérénité qui fait du bien à mi-parcours de l’EP. La seule chose que je rajouterais à ce que j'avais écris dans mon article, c'est que Rastaban ne cherche pas à copier Massive Attack, mais à réinventer la chanson dans son propre univers entre sensualité contenue et intensité latente. Le résultat est audacieux, et franchement réussi. La quatrième piste est "Arise (2025 version)" qui est définitivement mon titre préféré du groupe. Il débute de la meilleure des manières (du moins pour moi) : avec la guitare de Mathieu: c’est tranchant, direct, et ça donne une toute autre puissance au morceau. Chaque élément semble plus affûté : les percussions claquent, les voix sont pleines de relief, et le tout dégage une intensité que je trouve totalement grisante.
Nous poursuivons notre voyage musical avec la magnifique chanson "Rusalka (2025 version)". Pour la petite explication du titre,la Rusalka est une sorte de sirène ou d'ondine de la mythologie slave. Créature de l'eau, dont elle jaillit dans une nudité séductrice ou virginale, elle apparaît aux hommes pour les attirer dans les profondeurs. (source radiofrance.fr) Le morceau s’ouvre de manière poétique, avec le bruissement de l’eau qui s’écoule, bientôt rejoint par quelques notes de guitare légères et cristallines, qui évoquent pour moi les gouttes d’une pluie d’été, délicate et apaisante.
Puis le violon d’Arno entre doucement, tissant une mélodie fluide, presque hypnotique, avant que les percussions ne viennent structurer l’ensemble. La voix de Marine, à la fois éthérée et captivante, s’élève au-dessus de tout ça, comme un chant venu des profondeurs, entre séduction et mystère. Le morceau monte en puissance de façon progressive tout du long, pour s'achever un apothéose avec un déchaînement musical de part les excellents riffs de Mathieu, les percussions dynamiques et dansante, le bourdonnement du didgeridoo. Marine y chante alors de façon presque chamanique, comme prise dans une transe, entre incantation et invocation. Ce climax donne l’impression d’assister à un rite ancien, entre fascination et puissance brute. "Rusalka (2025 version)" n’est pas seulement beau : c’est un morceau ensorcelant, magnétique, qui vous entraîne dans ses courants pour ne plus vous lâcher.
"Ouroboros" s'achève sur le reprise de Kate Bush "Jig of life", un titre qui m'était complètement inconnu avant la découverte de la reprise de Rastaban. Cette chanson déborde d'énergie percutante avec un tempo très enjoué, une ligne de guitare bien lourde et tranchante, des percussions bondissantes, un violon qui entraîne irrésistiblement le corps à suivre le rythme. D'ailleurs à chaque écoute de ce titre je dansais sur ma chaise, alors que j'étais en train de rédiger cette chronique. Vocalement, Marine n'a rien à envier à la talentueuse Kate Bush: je la trouve terriblement efficace avec une belle puissance et apporte une force nouvelle à ce morceau. "Jig of life" offre un final épique, vivant comme un dernier souffle de danse avant que le cercle ne se referme.
Avec Ouroboros, Rastaban signe un retour fort, sincère et profondément incarné. En six titres, le groupe montre non seulement qu’il est toujours là, mais aussi qu’il a évolué, qu’il s’est réinventé sans renier son essence. Les anciennes compositions gagnent en ampleur et en puissance grâce à cette nouvelle formation, tandis que les reprises apportent un souffle inattendu, entre hommage et appropriation. Mention spéciale à "Arise", "Rusalka" et "Jig of Life", qui montrent trois facettes bien différentes mais tout aussi brillantes du groupe : la puissance galvanisante, le mysticisme envoûtant, et l’énergie festive. Cet Ep a beau être court (en même temps c'est le principe même d'un tel format 😅), il est riche et bien construit, sans temps faible. J'ai fortement apprécié que le groupe révèle au compte goutte chacun des titres de l'Ep, en vidéo live enregistré à Atelier Rock (Huy). J'ai ressenti la forte complicité qu'avait tous les membres entre eux, de part leurs regards ou leurs échanges les uns avec les autres malgré la configuration en cercle. Et bravo également pour le taff sonore, car la qualité est vraiment incroyablement top !
Cela donne clairement envie d’entendre la suite et de les retrouver sur scène. Je ne sais pas ce que Rastaban nous réserve pour la suite, mais si c’est du même acabit, je signe les yeux fermés.
Nouvelle découverte pour ma part avec Dayazell – littéralement « celui qui repousse le mal » – et leur troisième album, intitulé Hypnos. Dayazell est un quatuor français toulousain formé en 2009 et qui se compose de :
Dayazell propose un voyage musical inattendu, librement inspiré des répertoires anciens du
monde. Qu’elles soient sacrées, animistes ou profanes, les œuvres revisitées par le quatuor
sont toutes vibrantes, oniriques et puissantes. "Dayazell est ainsi, aussi céleste qu’étrangement ancré au sol, convoquant des racines profondes tout autant que sa propre voie lactée. Dayazell est un monde, en perpétuel mouvement, qui ne connaît pas de frontières." (Le Spot)
Leur répertoire nous transporte de la Scandinavie à la Mongolie, en passant par la Grèce, l’Egypte ou l’Arménie. Si les sources d’inspiration sont multiples, l’univers musical n’en reste pas moins équilibré et harmonieux.
"Hypnos", du nom du dieu grec du sommeil, porte admirablement bien son titre. Composé de huit pistes, l’album déploie une atmosphère de calme absolu, entre apaisement profond et voyage intérieur. J’ai eu besoin de plusieurs écoutes pour réellement m’immerger dans cet album. Au moment de la découverte, entre examens et déménagement, j’avais besoin de musiques plus dynamiques — et "Hypnos" est justement à l’opposé car c'est un disque qui demande du temps, du silence, de la disponibilité. Et qui, une fois apprivoisé, se révèle riche, subtil et enveloppant.
Cet album mélange habilement différentes influences en premier lieu arméniennes avec le très bon premier titre "Hov Arek Sarer Jan" : le groupe revisite un chant recueilli au XIXe siècle par le prêtre et ethnomusicologue Komitas, figure majeure du patrimoine arménien. Ce morceau, véritable prière aux éléments, emporte la peine et invoque la beauté dans la douleur.
On retrouve aussi des influences turques avec "Nikriz Peşrev" un sublime titre instrumental qui fait la part bel à la flûte ainsi qu'au chalumeau. Le second titre turque (et troisième de l'album) "Bahçalarda Kestane", qui est un chant traditionnel de Crimée signifiant "Les châtaignes du jardin", un joli titre aux saveurs orientales tout en douceur. "Hypnos" contient également des influences grecques avec "Ipne Pou Pernis Tapedia" qui est pour moi un des plus beaux titres de l’album. La voix d’Isao y est très délicate, apaisante avec le sentiment d'être enveloppé dans une bulle de bien-être et les chœurs masculins ajoutent une touche de douceur et d’harmonie qui fonctionne à merveille. Il y a "Morenika", une chanson issue du répertoire séfarade, que je trouve vraiment magnifique.
L'album fait aussi la part belle à des pièces religieuses avec une sublume version de "Kyrie XI (Orbis Factor)" que j'avais découvert la première fois dans le film "Au Nom de la Rose", le très beau "O Rubor Sanguinis" (adapté d’un chant d’Hildegarde von Bingen), et "Stella Splendens" un chant extrêmement connu et repris par différents artistes, dont j'avais adoré celle de Qntal, mais je trouve que celle de Dayazell est tout aussi réussie, avec une approche différente, plus sobre.
Pour conclure, "Hypnos" est un album qui m’a demandé un peu de temps pour l’apprécier pleinement, mais qui en valait vraiment la peine. C’est un disque qui invite à un voyage calme et profond, qu’on savoure pleinement avec du recul — et surtout dans un environnement paisible. "Hypnos" est très riche musicalement, varié, avec de nombreuses et belles influences parfaitement intégrées tout au long des huit pistes. C’est un magnifique album multiculturel, comme je les aime, et qui offre un vrai dépaysement.
Vous pouvez suivre et soutenir Dayazell sur leur sites officiels :Facebook, Instagram, Bandcamp (l'album est disponible en format CD pour 15€ avec une version numérique mais également en format vinyle pour 30€) et YouTube